Pendant le confinement de 2020 j’ai comptabilisé 700 heures de formation en visioconférence pour des publics allant de 10 à 40 apprenants. Retour d’expérience. 

Cette régularité d’intervention m’a permis d’expérimenter les avantages et les faiblesses de la formation ou l’animation par visioconférence. Un avantage pratique tombe sous le sens : moins de déplacements aux quatre coins de l’Hexagone apportent un confort de vie. Côté timing, les entrées en matière, la mise en place de petits groupes de travail et les clôtures de séminaires sont beaucoup plus brèves. Les deux inconvénients majeurs résident dans la dynamique à installer au sein du groupe et la perte des échanges interpersonnels lors des pauses, ou en début et fin de séminaire. Cette perte est assez faible pour les formations longues, lorsque les apprenants se sont déjà vus en présentiel. Les apprenants restent facilement connectés et échangent ensemble pendant la pause. Pour remédier à ce risque de perte d’interactivité, deux modalités sont essentielles.

La micro-sollicitation

La micro-sollicitation est une pratique très efficace. Elle consiste à ne poser que des questions adressées à une personne en particulier, même si celles-ci peuvent concerner tout le groupe. « Est-ce que les consignes sont claires… Clara ». La question concerne bien l’ensemble du groupe, mais adressée à une personne précise, une réponse rapide est assurée. La micro-sollicitation esquive la probabilité assez forte d’installer des silences qui, au fil de l’animation, deviennent pesants.

Le bonus

Tous les participants s’expriment. Pour être sûr de cela, j’ai toujours devant moi une feuille A4 en format paysage où figurent tous les noms des apprenants. À chaque prise de parole, je coche une croix devant le participant. À la fin de la formation, je suis assuré de la participation de chacun. Et pour moi, une formation où l’apprenant à l’occasion de prendre la parole, renforce son sentiment d’intégration. J’applique également cette pratique pour l’animation de séminaire. Je l’ai expérimenté jusqu’à 70 participants. Certes, en deux heures de séminaires tous les participants n’auront pas la possibilité de prendre la parole, mais tous se sentiront plus légitimes à intervenir de leur plein gré, sans être micro sollicités. Autre point positif de la micro-sollicitation : elle renforce l’attention des apprenants. Elle est adressée à tous les participants de façon aléatoire et selon le bon vouloir du formateur. Or, tout un chacun a déjà fait l’expérience de participer à une visioconférence, caméra et micro éteints, en mode « j’écoute la radio ». Une modalité confortable certes, mais préjudiciable à l’interactivité attendue d’une formation ou d’un séminaire.

La micro-sollicitation exige deux préalables. Le premier est d’informer les participants que je vais procéder ainsi et de leur demander leur accord. Le second est de l’appliquer systématiquement. Sans cette systématicité elle n’impulse pas la dynamique attendue. Cerise sur le gâteau, il arrive assez souvent que les stagiaires interagissent entre eux, rebondissent sur les réponses des autres participants. Si cela se passe, vous pouvez être fier d’avoir installé un climat propice à l’échange d’expériences, en relation avec le contenu de la séquence de formation.

La reformulation

La reformulation est un principe essentiel de l’écoute active. Une pratique attendue par les apprenants de la part d’un intervenant en formation ou lors de l’animation d’un webinaire. La reformulation assortie de la micro-sollicitation renforce la qualité de la participation. Je préconise de la pratiquer avec une certaine systématicité. Tous les sujets ne s’y prêtent pas néanmoins. J’ai longtemps exercé la profession de journaliste avant de verser dans le conseil et la formation. La pratique de l’interview exige une reformulation systématique pour s’assurer de la bonne compréhension des informations ou des explications de son interlocuteur. Elle ouvre à des relances, à l’approfondissement du sujet, à l’expression de l’intérêt des propos de son interlocuteur, à la formulation d’un avis personnel. En formation, la reformulation renforce la dynamique d’interactivité attendue.

Un changement de posture

Pour conclure, la posture de formateur en visioconférence développe celle de facilitateur. « La facilitation est une émergence collective où chacun apprend avec l’expérience de l’autre » pour reprendre une des définitions proposées par Denis Cristol et Cécile Joly dans leur ouvrage « L’art de la facilitation » aux éditions ESF Sciences Humaines. Aujourd’hui, le savoir est accessible à tous en un ou deux clic. Néanmoins, pour intégrer ces informations et en faire un apprentissage, cela exige de la part du formateur d’installer cette posture de facilitation. Son rôle est de produire une alchimie qui structure les connaissances à l’expérience du stagiaire. Et de lui permettre de les confronter à l’expérience des autres.

Bruno Crozat -Responsable pédagogique pour Varap Scop – Spécialisé dans le secteur social et médico-social. Concepteur et intégrateur de capsules de formation à distance. Tel : 06 21 98 25 33.