Article publié dans le mensuel TSA n°88, décembre 2017

En Isère, un foyer de vie pour adultes handicapés se prépare à la
réforme Serafin-PH en toute sérénité. La mise en place des
nouveaux référentiels est considérée comme un moyen de structurer
collectivement les pratiques et de montrer leur efficacité.

L’inflation de normes, process et recommandations tuerait-elle la créativité du
social ? Certainement pas rétorque Myriam Lucas-Veyrunes. La directrice de la Ferme
de belle chambre, un foyer de vie pour adultes présentant des troubles du spectre
autistique basé en Isère, par ailleurs consultante et évaluatrice externe, est
persuadée du contraire : « Les règles structurent notre secteur, elles permettent aux
professionnels de se poser la question du vivre-ensemble dans une institution
vivante, qui, par nature, est imparfaite. C’est sûr que le cadre peut devenir une
contrainte, mais la contrainte permet de contenir le groupe (l’équipe, et par
extension les usagers) et ainsi de le protéger et de sécuriser son fonctionnement au
service d’un accompagnement autour duquel les professionnels se sont mis d’accord.
»
Créée en 1989 et gérée par l’association Sésame autisme Rhône-Alpes, la Ferme de
belle chambre est adossée à une exploitation agricole, ce qui permet à la vingtaine
de résidents pourtant déclarés inaptes au travail de produire du fromage et de le
vendre sur des marchés. L’établissement fait même table d’hôtes. « Au départ, le
foyer de vie et la ferme étaient réunis dans la même association, mais les deux ont
été dissociés en 2011 pour permettre aux résidents de pouvoir manger ce qu’ils
contribuent à produire, conformément aux règles HACCP », précise la directrice.
L’application des normes et la réflexion autour de leur sens passent aussi par là…

Faire la preuve

Mais aujourd’hui, c’est à la réforme de tarification Serafin-PH que la structure se
prépare. « Quand j’ai entendu parler de cette nouvelle nomenclature, j’ai eu
quelques craintes, confie Karine Guyonnet. Mais après lecture des textes, j’étais
rassurée. J’ai retrouvé tout ce que l’on faisait ici. » Pour cette éducatrice spécialisée
(ES), cette nomenclature présente l’avantage d’être extrêmement précise, avec des
besoins clairement identifiés : besoins relatifs aux fonctions sensorielles, à la voix et
à la parole, aux fonctions locomotrices, à l’accès aux droits
et à la citoyenneté… « Pendant des années, on a eu du mal à expliquer pourquoi des